1Ô ma charmante Ursule: il eût fallu choisir
Ou bien de ne pas naître, ou de ne pas mourir!
Pour un jour de bonheur des siècles de souffrance!
Oh! c'est payer bien cher ta trop courte présence.
5
Tu m'as trompé, semblable à ce songe imposteur
Qui fait luire un trésor aux regards d'un dormeur,
Puis tout à coup s'enfuit, et de cette richesse,
Lui laisse le regret, l'envie… et la tristesse
Et voilà justement comme tu m'as traité.
10
Tu fis naître l'espoir en mon cœur enchanté,
Et puis tu t'en allas me laissant la souffrance,
Emportant avec toi ma dernière espérance;
De mon âme, en un mot, tu m'as pris la moitié.
L'autre me reste, triste et digne de pitié.
15
Amis, placez ici cette pierre sculptée
Avec l'inscription que je vous ai dictée:
«Ici repose Ursule, Ursule mes amours
Et mes regrets; ci-gît l'espoir de mes vieux jours.
Ô mort, tu t'es trompée: elle meurt la première,
20
Quand c'était à la fille à pleurer sur son père.»