1Orphée, indique-moi cette porte de fer,
Par où tu sus jadis pénétrer dans l'enfer.
Si ce chemin pouvait me conduire vers elle,
Si je passais aussi cette onde sur laquelle
5L'inflexible nocher emporte au loin les morts,
Vers les bois de cyprès qui noircissent ses bords!
Ne m'abandonne pas, ma lyre harmonieuse,
Viens avec moi: franchis l'enceinte ténébreuse
Du rigoureux Pluton; s'il dédaigne mes pleurs,
10Tu sauras l'attendrir en chantant mes douleurs;
Si bien qu'il me rendra ma fillette chérie
Et chassera le deuil de mon âme assombrie.
Il la retrouvera: nous sommes tous à lui;
Mais ce fruit n'est pas mûr: son heure n'a pas lui.
15Il faudrait que le cœur de ce Dieu fût de pierre
Pour ne point se laisser fléchir à ma prière,
N'est-ce pas? Ou sinon, ayant fait le chemin,
Restons-y; que la mort termine mon chagrin.